Lettre de Décembre 2017
Ces gens-là…
Le festival Migrants’Scène a montré différents visages de la migration et des migrants, à travers diverses manifestations réalistes, poétiques, informatives, porteuses du même message : ces gens-là (Espace Jargot), Une Famille syrienne, (Espace Aragon) sont des gens comme nous.
Ces gens-là, rescapés anonymes d’une mer déchainée échouent sur une terre inconnue. Installée autour d’un chargement précaire, entre débrouilles astucieuses et volonté courageuse, la famille recommence à vivre. Ils sont heureux, ils ont peur, ils sont exilés mais ils sont aussi chacun de nous. Leur campement dévasté (par qui ?) et leur vie menacée, ces gens-là repartent, enfants et pauvres objets entassés dans leur guimbarde…Vers où ?
Une famille syrienne décrit la froide réalité de la journée d’une mère et de ses enfants, piégés dans un immeuble abandonné. Peur des bombes et snippers du dehors, angoisse tangible de l’irruption de la guerre, cette famille-là tente de mener une vie normale et fait face. Solidarité avec les voisins, insouciance des enfants, tendresse, amours adolescentes et lâchetés émaillent cette journée qui n’est particulière que pour le spectateur.
Ces gens-là, venus d’une vie et d’épreuves que nous ignorons, sont les migrants de nos rues, des centres, que nous voulons accueillir car leur vie anéantie croise la nôtre comme leurs sentiments et leurs préoccupations rencontrent les nôtres. Ils aiment leurs enfants et veulent les élever, ils ressentent tristesse, gaieté, envie, espoir, découragement. Ils peuvent être fatigués, généreux, indifférents, attentifs, amoureux autant que nous. Nos voisins, familles ou amis nous choquent parfois par leur comportement ou leurs réactions inattendues. Ne soyons donc pas surpris que de leur côté, dans des conditions déroutantes, les migrants agissent et réagissent selon leurs cultures, eux qui découvrent à marche forcée nos modes de vie et de relations, bien plus vite que nous ne saisissons les leurs. La dissymétrie de nos situations ne les empêche pas d’observer la société dans laquelle ils arrivent et ils ont de quoi s’étonner de ce qui nous est naturel : notre mesure du temps, nos relations sociales et familiales, notre savoir-vivre, les règles complexes qui régissent notre vie… autant de nouveautés surprenantes qu’ils doivent assimiler rapidement pour trouver leur place chez nous.
Ne les idéalisons pas, ne les imaginons pas tels que nous les voudrions, ne décidons pas à leur place : découvrons qui ils sont, aussi divers par leurs origines que nous en Europe, et semblables à nous par leur humanité.
Noël du partage et de l’espérance ! Le vœu d’AMG est de répondre en 2018 le plus largement possible à l’espoir de ces gens-là : être accueillis sur notre territoire pour dépasser des moments particulièrement difficiles pour eux et redevenir des gens comme nous, ni pires ni meilleurs!